Page:Sand - Andre.djvu/177

Cette page n’a pas encore été corrigée

mouvantes, il refusa d’aller plus avant. L’eau montait déjà presque aux genoux de Joseph, et Geneviève avait bien de la peine à préserver ses petits pieds.

— Diable ! dit Joseph, je ne sais si nous pourrons traverser ; François commence à perdre pied, et le brave garçon n’ose pas se mettre à la nage à cause de vous.

— Donnez-lui de l’éperon, dit Geneviève.

— Cela vous plaît à dire ! un cheval chargé de deux personnes ne peut guère nager : si j’étais seul, je serais déjà à l’autre bord ; mais avec vous je ne sais que faire. Il fait terriblement nuit ; je crains de prendre sur la droite et d’aller tomber dans la prise d’eau, ou de me jeter trop sur la gauche et d’aller donner contre l’écluse. Il est vrai que François n’est pas une bête et qu’il saura peut-être se diriger tout seul.

— Tenez, dit Geneviève, Dieu veille sur nous : voici la lune qui parait entre les buissons et qui nous montre le chemin ; suivez cette ligne blanche qu’elle trace sur l’eau.

— Je ne m’y fie pas ; c’est de la vapeur et non de la vraie lumière. Ah ça ! prenez garde à vous.

Il donna de l’éperon à François, qui, après quelque hésitation, se mit à la nage et gagna un endroit moins profond où il prit pied de nouveau ; mais il fit de nouvelles difficultés pour aller plus loin, et Joseph s’aperçut qu’il avait perdu le gué.

— Le diable sait où nous sommes, dit-il ;