Page:Sand - Andre.djvu/150

Cette page n’a pas encore été corrigée

des passages de roman qui ressemblaient à cela ; mais je croyais que les livres avaient seuls le privilège de nous amuser avec de semblables folies.

— Ah ! Geneviève, lui dit André tristement, il y a dans votre âme une étincelle encore enfouie. Vous avez la candeur d’un enfant, et ce qu’il y a de plus cruel et de plus doux dans la vie, vous l’ignorez ! Ce qu’il y a de plus beau en vous-même, rien ne vous l’a encore révélé. C’est que vous n’avez pas encore entendu une voix assez pure pour vous charmer et vous convaincre ; c’est que l’amour n’a parlé devant vous qu’une langue grossière ou puérile. Oh ! qu’il serait heureux celui qui vous ferait comprendre ce que c’est qu’aimer ! Si vous l’écoutiez, Geneviève, s’il pouvait vous initier à ces grands secrets de l’âme comme à une merveille de plus dans les œuvres du Tout-Puissant, il vous le dirait à genoux, et il mourrait de bonheur le jour où vous lui diriez : — J’ai compris.

Geneviève regarda André en silence comme le jour où il lui avait parlé pour la première fois des étoiles et de la pluralité des mondes ; elle pressentait encore un monde nouveau, et elle cherchait à le deviner avant d’y engager son cœur. André vit sa curiosité, et il espéra.

— Laissez-moi vous expliquer encore ce mystère. Je n’oserai guère parler moi-même, je serais trop au-dessous de mon sujet ; mais je vous lirai les poëtes qui ont su le mieux ce que c’est que