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— Vous savez bien le contraire, André, lui répondit Geneviève d’un ton ferme et franc en lui tendant sa main qu’il couvrit de baisers ; mais ne pouvez-vous croire à mon amitié sans m’épouser ? Si l’un de nous doit quelque chose à l’autre, c’est moi qui vous dois une vive reconnaissance pour vos leçons.

— Eh bien ! s’écria André, acquittez-vous avec moi et soyez généreuse ! acquittez-vous au centuple, soyez ma femme…

— C’est un prix bien sérieux, répondit-elle en souriant, pour des leçons de botanique et de géographie ? Je ne savais pas qu’en apprenant ces belles choses-là je m’engageais au mariage…

— Nous nous y engagions l’un et l’autre aux yeux du monde, dit-André : nous ne l’avions pas prévu ; mais puisqu’on nous le rappelle, cédons, vous par raison, moi par amour.

Il prononça ce dernier mot si bas que Geneviève l’entendit à peine..

— Je crains, lui dit-elle, que vous ne preniez un mouvement de loyauté romanesque pour un sentiment plus fort. Si nous étions du même rang, vous et moi, si notre mariage était une chose facile et avantageuse à tous deux, je vous dirais que je vous aime assez pour y consentir sans peine. Mais ce mariage sera traversé par mille obstacles : il causera du scandale ou au moins de l’étonnement ; votre père s’y opposera peut-être, et je ne vois pas quelle raison