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infaillible tisane. Sa surprise augmenta lorsque Henriette, toujours disposée à l’amplification, lui parla de sa maladie, du danger qu’elle avait couru. « Eh ! mon Dieu, dit la jeune fille, depuis quand donc suis-je ainsi ?

— Depuis trois heures au moins, répondit Henriette.

— Ah ! oui ! reprit Geneviève en souriant ; mais rassure-toi, je ne suis pas encore perdue ; j’ai la tête un peu lourde, l’estomac un peu faible, et voilà tout. Je crois que si je pouvais avoir un bouillon, je serais tout à fait sauvée.

— J’ai un bouillon tout prêt sur le feu ; le voici, dit Henriette en s’empressant autour du lit de Geneviève avec la satisfaction d’une personne contente d’elle-même. Mais j’ai quelque chose de mieux que cela ; c’est une grande nouvelle à t’annoncer.

— Ah ! merci, ma chère enfant, donne-moi ce bouillon, mais garde ta grande nouvelle, j’en ai assez pour aujourd’hui : tout ce qui peut se passer dans cette jolie ville m’est indifférent ; je ne veux que tes soins et ton amitié. Pas de nouvelle, je t’en prie.

— Tu es ingrate, Geneviève ; si tu savais de quoi il s’agit !… Mais je ne veux pas te désobéir, puisque tu me défends de parler. Je suppose aussi que tu aimeras mieux entendre cela de sa bouche que de la mienne.

— De sa bouche ? dit Geneviève en levant vers elle sa jolie tête pâle coiffée d’un bonnet de mousseline