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êtes-vous sûre que Geneviève ne refusera pas ?

— Que vous êtes fou ! Est-ce possible, quand elle est malade de chagrin ? Ah ! cette nouvelle-là va lui rendre la vie !

— Je crois rêver, dit André en baisant les mains d’Henriette ; oh je ne pouvais pas me le persuader ; j’aurais trop craint de me tromper. Et pourtant elle m’écoutait avec tant de bonté ! elle prenait ses leçons avec tant d’ardeur ! O Geneviève ! que ton silence et le calme de tes grands yeux m’ont donné de craintes et d’espérances ! Fou et malheureux que j’étais ! je n’osais pas me jeter à ses pieds et lui demander son cœur : le croiriez-vous, Henriette ? depuis un an je meurs d’amour pour elle, et je ne savais pas encore si j’étais aimé ! C’est vous qui me l’apprenez, bonne Henriette ! Ah ! dites-le-moi, dites-le-moi encore !

— Belle question ! dit Henriette en riant ; après qu’une fille a sacrifié sa réputation à monsieur, il demande si on l’aime ! Vous êtes trop modeste, ma foi ! et à la place de Geneviève… car vous êtes tout à fait gentil avec votre air tendre… Mais chut !… la voilà qui s’éveille… Attendez-moi là.

— Eh ! pourquoi n’irais-je pas avec vous ? je suis un peu médecin, moi ; je saurai ce qu’elle a ; car je suis horriblement inquiet…

— Ma foi ! écoutez, dit Henriette, j’ai envie de vous laisser ensemble : elle n’a pas d’autre mal que le chagrin ; quand vous lui aurez dit que vous voulez