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Cette puissance se révéla soudainement à elle en cet instant. Une émotion délicieuse, une joie inconnue, succédèrent à ses ennuis. Tout en travaillant avec ardeur, elle s’éleva au-dessus d’elle-même et de toutes les choses réelles qui l’entouraient, pour vouer un culte enthousiaste au nouveau Dieu du nouvel univers déroulé devant elle, et tout en s’unissant à ce Dieu dans un transport poétique, ses mains créèrent la fleur la plus parfaite qui fût jamais éclose dans son atelier.

Quand le soleil se fut caché derrière les toits de briques et les massifs de noyers qui encadraient l’horizon, Geneviève posa son ouvrage et resta longtemps à contempler les tons orangés du ciel et les lignes d’or pâle qui le traversaient. Elle sentit ses yeux humides et sa tête brûlante. Quand elle quitta sa chaise, elle éprouva de vives douleurs dans tous les membres et quelques frissons nerveux. Geneviève était d’une complexion extrêmement délicate : les émotions de la journée, la surprise, la colère, la fierté, l’enthousiasme, en se succédant avec rapidité, l’avaient brisée de fatigue. Elle s’aperçut qu’elle avait réellement la fièvre, et se mit au lit. Alors elle tomba dans les rêveries vagues d’un demi-sommeil et perdit tout à fait le sentiment de la réalité.