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— En parlant plus haut qu’elles, n’est-ce pas ? dit Geneviève en souriant.

— Oui, oui, en parlant tout haut et en jouant jeu sur table, répondit Henriette un peu piquée. Tu aurais été plus sage si tu avais fait comme moi, ma chère.

— Et qu’appelles-tu jouer jeu sur table ?

— Agir hardiment et sans mystère, se servir de sa liberté et narguer ceux qui le trouvent mauvais, avoir des sentiments pour quelqu’un et n’en pas rougir ; car, après tout, n’avons-nous pas le droit d’accepter un galant en attendant un mari ?

— Eh bien, ma chère, dit Geneviève un peu sèchement, en supposant que je me sois servi de ce droit réservé aux grisettes et que j’aie les sentiments qu’on m’attribue, pourquoi donc ma conduite cause-t-elle tant de scandale ?

— Ah ! c’est que tu n’y as pas mis de franchise ; tu as eu peur, tu t’es cachée, et l’on fait sur ton compte des suppositions qu’on ne fait pas sur le nôtre.

— Et pourquoi ? s’écria Geneviève, irritée enfin ; de quoi me suis-je cachée ? de qui pense-t-on que j’aie peur ?

— Ah ! voilà, voilà ton orgueil ! c’est cela qui te perdra, Geneviève. Tu veux trop te distinguer. Pourquoi n’as-tu pas fait comme les autres ? pourquoi, du moment que tu as accepté les hommages de ce jeune homme, ne t’es-tu pas montré