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située auprès de la ville. Ces jeunes personnes faisaient toutes partie de la meilleure bourgeoisie de la province ; néanmoins Geneviève y fut invitée. Ce n’était pas la première fois que ses manières distinguées et sa conduite irréprochable lui valaient cette préférence. Déjà plusieurs familles honorables l’avaient appelée à leurs réunions intimes, non pas, comme ses compagnes, à titre d’ouvrière en journée, mais en raison de l’estime et de l’affection qu’elle inspirait. Toute la sévère étiquette derrière laquelle se retranche la société bourgeoise aux jours de gala, pour se venger des mesquineries forcées de sa vie ordinaire, s’était depuis longtemps effacée devant le mérite incontesté de la jeune fleuriste : elle n’était regardée précisément ni comme une demoiselle ni comme une ouvrière, le nom intact et pur de Geneviève répondait à toute objection à cet égard. Geneviève n’appartenait à aucune classe et avait accès dans toutes.

Mais cette gloire acquise au prix de toute une vie de vertu, cette position brillante où jamais aucune fille de condition n’avait osé aspirer, Geneviève l’avait perdue à son insu ; elle était devenue savante, mais elle ignorait encore à quel prix.

Justine Marteau, aimable et bonne fille, étrangère aux caquets de la ville, lui fit le même accueil qu’à l’ordinaire ; mais les autres jeunes personnes, au lieu de l’entourer, comme elles faisaient toujours, pour l’accabler de questions sur la mode nouvelle et de