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et des sots ? Ah ! je suis une folle. Je désire m’élever au-dessus de ma fortune et de mon état : qu’y gagnerai-je ? Quand j’aurai appris tout ce que mes compagnes ignorent ; en serai-je plus heureuse ?…. Hélas ! il me semble que oui ; mais c’est peut-être un conseil de l’orgueil. Déjà j’étais prête à sacrifier ma réputation au plaisir d’apprendre la botanique et de causer avec un jeune homme savant. Mon Dieu, mon Dieu, défendez-moi de ces idées-là, et apprenez-moi à me contenter de ce que vous m’avez donné. »

Geneviève rentra plus calme et résolue à ne plus revoir André. Elle se tint parole ; car elle reçut les cahiers et les herbiers par Henriette, et ne les ouvrit pas, dans la crainte d’y trouver trop de tentations. Elle s’habitua en peu de jours à penser à lui sans trouble et sans émotion. Une quinzaine s’écoula sans qu’elle sortit de sa retraite et sans qu’elle entendit parler du désolé jeune homme, qui passait une partie des nuits à pleurer sous ses fenêtres.




IX


Mais la Providence voulait consoler André, et le hasard peut-être voulait faire échouer les résolutions de Geneviève. Un matin elle se laissa tenter par le lever du soleil et par le chant des alouettes, et alla chercher des iris dans les Prés-Girault ; elle ne savait pas qu’André l’y avait vue un certain jour qui avait marqué dans sa vie comme une solennité et