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ssant ; ce n’est pas ma faute. Une demoiselle de la ville, pour qui j’ai fait cette branche de fuxia, l’a voulue ainsi. En vain je lui ai montré l’original ; elle s’est obstinée à trouver ce bouquet trop rouge. — Feuilles, tiges, fleurs, tout, disait-elle, était de la même teinte. Elle m’a forcée d’ajouter ces feuilles, qui sont d’un ton faux, et de doubles calices…

— Qui sont d’une monstruosité épouvantable ! dit André avec chaleur. Quoi ! mutiler une si jolie plante, si gracieuse, si délicate !

— Il y a des gens de si mauvais goût ! reprit Geneviève ; tous les jours on me demande des choses extravagantes. J’avais fait des millepertuis de Chine assez jolis ; aussitôt toutes ces dames en ont demandé ; mais l’une les voulait bleus, l’autre rouges, selon la couleur de leurs rubans et de leurs robes. Que voulez-vous que devienne la vérité devant de pareilles considérations ? Je suis bien forcée, pour gagner ma vie, de céder à tous ces caprices : aussi je ne fais que pour moi des fleurs dont je sois contente. Celles-là, je ne les vends pas : ce sont mes études et mes vrais plaisirs. Je vous les ferais voir si…

— Oh ! voyons-les, je vous en supplie, dit André ; montrez-moi ces trésors.

Geneviève alla ouvrir une armoire réservée, et montra à son jeune pédant une collection de fleurs admirablement faites. « Voici du véritable fuxia,