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V



Lettre de d’Argères à Descombes.


Non, je ne t’oublie pas. Je t’ai écrit des volumes ces jours derniers. Je les ai mis de côté pour t’en montrer l’épaisseur, comme pièces justificatives de cette assertion. Mais je ne te les ferai pas lire. Au commencement d’un amour qu’on ignore en soi-même, on est très-bavard. Quand on se sent pris véritablement, on devient muet. Chez moi, ce n’est pas consternation, c’est plutôt recueillement. Te voilà au fait. Je suis sous l’empire d’une passion. Si elle était partagée, je ne te dirais même pas ce qui me concerne. Elle ne l’est pas : donc, j’avoue que je ne suis pas un amant heureux, mais que je suis cependant heureux de sentir que j’aime.

Je m’arrête sur ces deux mots, car je vois à ta lettre.