Elle a beaucoup souffert, sans doute, et la Muiron m’a dit qu’elle avait été dangereusement malade pendant plus d’un an ; mais la force et la santé sont revenues. Le plus complet détachement de la vie a répandu sur sa beauté, dont nous remarquions autrefois l’expression doucement sérieuse, un sérieux encore plus doux. Cela est même très-étrange ; elle n’a pas l’air triste, elle a l’air attentif et recueilli, comme elle l’avait en écoutant les symphonies de Beethoven. Mais il semble qu’elle écoute encore une musique plus belle, et qu’elle soit recueillie dans une satisfaction plus profonde. Elle a même pris un peu d’embonpoint qui manquait aux contours de son visage et de son buste. Son teint est toujours pâle, avec cette nuance légèrement ambrée qui exclut la pénible idée d’une organisation trop lymphatique. Il y a encore du sang et de la vie sous ce beau marbre. Ce qui paraît mort, bien mort, c’est la volonté.
Pourtant l’expression du visage ne trahit ni la faiblesse ni l’abattement. Cette âme n’est pas épuisée ; elle s’attache à je ne sais quelle certitude qui n’est certainement pas de ce monde.
Je remarquai aussi que, contre mon attente, il n’y avait ni désordre dans sa chevelure, ni lâcheté dans sa mise. Sa robe et son peignoir de mousseline étaient flottants et non traînants. Ses formes admirables don-