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jardin, où je m’étais introduit sans préméditation grave, et où, depuis une heure, nous parlions d’elle, courut à sa rencontre et parut vouloir lui faire rebrousser chemin avant qu’elle me remarquât. Mais la dame est obstinée comme l’inertie, et elle était déjà assez près de moi, lorsque je la vis me chercher des yeux en disant ;

— Ah ! où donc ? qui est-ce ?

— C’est un voyageur, un Parisien, répondit l’autre : un ami du baron de West, un homme comme il faut.

— Est-ce qu’il demande à me voir ? reprit la désolée en s’arrêtant.

— Oh ! non certes ! Ce n’est pas une heure à rendre des visites.

— C’est vrai. Que veut-il donc ?

— Il regardait les statues et il allait se retirer.

— Fort bien, qu’il les regarde.

— Il craindra sans doute d’être importun.

— Non ; dis-lui qu’il ne me gêne pas.

Elle se trouvait vis-à-vis de moi ; elle me fit un salut poli où il y avait de la grâce naturelle, et rien de plus. Puis elle passa et disparut derrière les arbres.

La Muiron me dit :

— Vous êtes content, j’espère ; vous l’avez vue. À présent, vous allez vous sauver.

Pourquoi me serais-je sauvé, puisqu’on me permettait de rester ? Ce fut la Toinette qui sortit du jardin ou qui