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III


D’Argères avait oublié de se mettre en garde, et la curiosité de la Muiron semblait s’être assoupie dans son bavardage ; mais elle se réveillait en sursaut et semblait s’écrier : « Mais à propos, à qui ai-je le plaisir d’ouvrir mon cœur ? Vos papiers, monsieur, s’il vous plaît, avant que je continue. »

Un sourire moqueur, où la fine Muiron devina une intention taquine, effleura les lèvres de d’Argères ; mais tout à coup, par une illumination soudaine de la mémoire, il vit passer devant lui une figure dont l’image l’avait frappé, et dont le nom seul s’était envolé.

— Laure de Larnac ? s’écria-t-il. Oui ! au Conservatoire de musique, tout un carême. Elle connaissait le père Habeneck ! Il allait lui parler dans sa loge. La tante, belle encore, digne, un peu roide ! et la jeune fille, un ange !