Page:Sand - Adriani.djvu/41

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riosité, mais voici une suivante qui veut m’en punir en exerçant la sienne sur moi avec usure !

Et, comme il ne répondait pas, Toinette reprit :

— Monsieur est de Paris, cela se voit.

— Vous trouvez ?

— Cela se sent tout de suite. L’accent, l’habillement… Oh ! certainement, vous n’êtes pas un provincial. Monsieur est en visite probablement chez le baron de West ? C’est à deux pas d’ici. C’est un homme fort honorable, d’un âge mûr, et qui serait pour madame un bon voisin et un véritable ami, j’en suis sûre, si elle ne s’obstinait pas à ne recevoir personne.

— Après tout, pensa encore d’Argères, puisque je suis venu pour savoir à quoi m’en tenir sur l’état mental de cette voisine, et qu’il m’est si facile de me satisfaire, pourquoi ne contenterais-je pas cette babillarde de soubrette en l’écoutant ? Questionner et répondre sont un seul et même plaisir pour ces sortes de natures. — Comment appelez-vous votre maîtresse ? dit-il d’un ton doucement familier, en se rasseyant sur les blocs de marbre.

Toinette, charmée du procédé, ne se le fit pas demander deux fois, et, s’asseyant aussi sur une grosse boule qui avait bien pu représenter la tête d’un dieu :

— Mais je vous l’ai déjà nommée ! s’écria-t-elle : c’est madame de Monteluz !

— Qui était mademoiselle de ?… fit d’Argères de l’air