maine donner un coup de bêche et un regard, quand il n’avait rien de mieux à faire. L’herbe poussait donc au milieu du sable des allées, et, le long des murs, les gravats et le ciment écroulés blanchissaient l’herbe. Les branches, chargées de fruits, barraient le passage, les fruits jonchaient la terre, l’eau était verte dans les bassins. La bourrache et le chardon s’en donnaient à cœur joie d’étouffer les violettes ; les fraisiers traçaient autour d’eux d’une manière véritablement échevelée, étendant, à grande distance de leur pied touffu, ces longues tiges qui se replantent d’elles-mêmes et forment d’immenses réseaux improductifs quand on les abandonne à leur folle santé.
D’Argères vit tout cela en faisant le tour de l’établissement. Il put même entrer dans le jardin, qui n’avait pas de porte et dont la clôture avait disparu en beaucoup d’endroits. Le jour se fit tout à fait et le soleil parut, sans qu’aucun bruit troublât dans la maison ou dans l’enclos le morne silence de la désolation.
L’espèce de curiosité qui poussait d’Argères à cet examen ne put lutter contre l’accablement d’une journée de fatigue et d’une nuit sans sommeil, augmenté du sentiment d’horrible ennui que distillait, pour ainsi dire, le lieu où il se trouvait. Assis sur les débris informes de statues antiques que quelque propriétaire, à moitié indifférent, avait fait poser sur le gazon dans un angle du