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avec attendrissement la simplicité du service et la nudité de l’appartement.

— Je m’attendais à cela, dit-elle. C’est bien ! Tout ce que vous faites est dans la logique du vrai et du juste.

— Est-il vrai, s’écria-t-il, que vous… ?

— Mangez donc, répondit-elle, nous causerons après. Ei moi aussi, je meurs de faim. Je suis arrivée ce matin, j’ai couru toute la journée, savez-vous pourquoi ? Pour arriver à ce joli tour de force de me faire habiller à la mode en douze heures. Je voulais être belle et parée pour avoir le droit de vous jeter une couronne et de me présenter dans votre loge. N’est-ce pas la plus grande fête de ma vie, et n’êtes-vous pas pour moi le premier personnage du monde ?

— Et cette robe rose ? dit Adriani en portant avec ardeur à ses lèvres un des rubans qui flottaient au bras de Laure. Je ne vous ai jamais vue qu’en blanc.

— Mon deuil est fini, dit-elle, et j’ai cherché la couleur la plus riante pour vous porter bonheur.

Quand Toinette emporta le souper avec Comtois :

— Mais parlez-moi donc ! dit Adriani à Laure ; dites-moi si je rêve, si c’est bien vous qui êtes là, et si vous n’allez pas vous envoler pour toujours ! Tenez, je crois que je suis devenu fou, que vous êtes morte et que c’est votre ombre qui vient me voir une dernière fois.

— Adriani, répondit-elle, écoutez-moi.