inouï, mais cela est ! Ah ! on vous aime, à ce qu’il paraît ! Ce n’est pas étonnant ! vous êtes si beau ! Ma foi, elle est diablement belle aussi ; je ne la croyais pas si belle que ça !
Adriani n’entendait pas le baron ; il était déjà aux pieds de Laure. Mais il fut forcé de se relever aussitôt : dix personnes, suivies de beaucoup d’autres, faisaient invasion dans sa loge. Il était si éperdu, qu’il ne savait pas qui lui parlait, ni ce qu’on lui disait. Il vit bientôt tous les regards se porter sur Laure avec étonnement, avec admiration.
Elle était, en effet, d’une beauté surprenante dans sa toilette de soirée. Les bras nus, le buste voilé, mais triomphant de magnificence sous des flots de rubans, la tête parée de fleurs qui ne pouvaient contenir sa luxuriante chevelure ondulée, la figure animée par une joie sérieuse, le regard franc et tranquille, l’air modeste sans confusion et l’attitude aisée comme celle de la loyauté chaste, elle semblait dire à tous ces hommes curieux et charmés :
— Eh bien, voyez-moi ici ; je ne me cache pas !
Toinette, en robe de soie et en bonnet à rubans, ressemblait assez à une fausse mère d’actrice. Son embarras était risible et on chuchotait déjà sur la belle maîtresse qu’Adriani venait d’acheter ; on lui en faisait compliment en des termes qui l’eussent exaspéré, s’il n’eut pas été