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Toutes ces réflexions, toutes ces douleurs se succédèrent rapidement. Il jeta un dernier regard sur les plus hautes branches du coteau, celles qu’il connaissait si bien comme les plus voisines du Temple. Il arracha une touffe de pampres, la froissa, la couvrit de baisers et la jeta devant lui, s’imaginant que Laure y poserait peut-être les pieds ; puis il cacha son visage dans ses mains et s’enfuit comme un fou, retenant les sanglots dans sa poitrine et s’étourdissant dans la fièvre de sa course.

Il trouva la voiture prête dans la cour de son fatal château de Mauzères, et Comtois, qui l’attendait, joyeux d’aller revoir son épouse et sa petite famille. Il monta dans sa chambre et écrivit à la hâte ces trois lignes :

« Laure, un de mes plus chers amis se meurt d’une mort affreuse. Il me demande ; je ne puis différer d’une heure, d’un instant. Je vous écrirai de Paris ; je vous dirai… »

Il n’en put écrire davantage ; il effaça les trois derniers mots, signa, et envoya un exprès. Puis il passa chez le baron, qui venait de s’habiller et qui, pâle, tremblant, tenait un journal ouvert. Adriani comprit qu’il savait tout. Le baron bégaya, n’entendit pas ce que lui disait l’artiste, et, tout à coup, se jetant dans ses bras :