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artiste en quoi le goût avait triomphé du manque d’éléments de luxe. Elle voulut voir aux flambeaux le parterre improvisé autour de la maison, et, quand Mariotte annonça que le souper était servi, elle admira encore toutes les petites merveilles qui avaient rendu la salle à manger presque élégante et l’aspect de la table moins cénobitique. Comtois avait dépisté, chez le bric-à-brac de Valence, un service à peu près complet en vieille faïence ornée, très-belle, et quelques autres objets provenant, selon toute apparence, de la saisie ou du pillage de quelque mobilier seigneurial à l’époque révolutionnaire. Mariotte avait lavé, frotté et un peu cassé toute la journée. En somme, la petite salle était riante, éclairée, séchée. Des bandes d’indienne à fleurs roses, attachées aux murs par quelques clous plantés à la hâte dans les corniches, cachaient l’affreux papier jaune d’ocre en lambeaux, et donnaient l’air de fraîcheur et de propreté qui est, en somme, le seul luxe nécessaire.

C’était toute une révolution dans la vie d’une femme qui, naguère, n’eût pas songé à faire replacer une vitre dont l’absence l’enrhumait à son insu, que d’accepter avec plaisir ce retour aux délicatesses de la vie. Les délicatesses de l’âme, dont celles de ce bien-être matériel étaient l’expression, touchaient profondément aussi cette veuve dont l’époux rude, lourd et stoïque, avait raillé et