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— Tout me porte à croire, ajoutait la marquise, qu’elle a pris goût à sa petite propriété dans l’Ardèche, et qu’elle a la fantaisie d’y faire bâtir, pour passer les étés dans un climat moins chaud que le nôtre. Dans tout cela, je ne vois rien à blâmer, sinon le silence qu’elle garde sur ses projets ; mais cela même ne saurait m’offenser, puisque la pauvre créature ne sait pas trop elle-même ce qu’elle veut, et que l’air distrait et presque égaré que vous lui avez vu par moments est maintenant sa physionomie habituelle. J’attendrai de savoir où elle est pour aviser à ce que je dois faire. Si son mal augmente au point que mes soins lui soient nécessaires, je tâcherai de la ramener ici, ou bien je la suivrai où elle souhaitera que je la suive. Me voilà donc parmi vous comme l’oiseau sur la branche, et attendant, en ceci comme en toutes choses, la volonté de Dieu !

Il ne fut point question d’Adriani. On sut, au bout de quelques jours, qu’un inconnu avait fait une visite aux dames de Larnac ; mais on n’apprit sur cette visite rien d’assez particulier pour la faire coïncider avec le départ subit de Laure. La marquise répondit, sur ce point, de manière à écarter toute idée de rapprochement, et dit qu’elle croyait avoir reçu ce jour-là les offres d’un commis-voyageur dont elle ne savait même pas le nom.