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— Non, ma mère, vous ne sortirez pas d’ici ; vous ne quitterez pas une maison qui est devenue la vôtre, et où la tombe de votre fils vous attache pour jamais.

Elle sortit sans s’expliquer davantage, passa dans sa chambre et écrivit à Adriani :

« Partez, mon ami, pour que ma belle-mère ne parte pas. Je lui dois ici le sacrifice de ma propre satisfaction. Mais je vous ai promis quelques jours. Partez ce soir pour Mauzères, je partirai demain pour le Temple. »

Toinette porta ce billet à Adriani sans savoir ce qu’il contenait. Adriani n’eut pas une hésitation, pas un doute. Il partit à l’heure même, sans dire un mot, La marquise dîna de bon appétit. Ce fut toute la satisfaction qu’elle exprima à sa belle-fille. Le lendemain, lorsqu’elle s’éveilla (et elle était fort matinale), elle apprit que Laure et Toinette étaient aussi parties dans la nuit, sans rien dire à personne.

La tante de Roqueforte et la tante de Roquebrune, la cousine de Miremagne et le cousin de Montesclat arrivèrent fort exactement à midi, avec une nuée de petits cousins bruyants et de petites cousines endimanchées. Tout ce monde, qui accourait pour saluer le retour de madame Octave, fut plus ou moins désappointé, mais surtout intrigué d’apprendre qu’elle était déjà repartie.

Dans un milieu moins intime, la marquise eût pu expliquer ce mystère par la classique défaite des affaires