Page:Sand - Adriani.djvu/212

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Je vous la refuse encore.

— Vous y penserez cette nuit, et, demain, comme vos tantes de Roqueforte et de Roquebrune viennent passer ici la journée avec leurs enfants, j’espère que vous m’épargnerez la honte et l’embarras de leur présenter M. Adriani.

— Et s’il en était autrement, madame ? si je le leur présentais moi-même ?

— Oh ! libre à vous, ma fille ! dit la marquise avec un sourire effrayant, car c’était le premier depuis la mort de son fils, et il ressemblait à une malédiction. Vous êtes maîtresse de vos actions, et je n’ai ni le droit ni l’envie de vous imposer un deuil éternel. Vous le savez, je suis désintéressée pour mon fils mort, comme je l’ai été pour mon fils vivant. Mais, comme mes devoirs vis-à-vis du reste de ma famille subsisteront tant que je serai de ce monde, il ne me convient pas de les enfreindre pour vous faire plaisir. Aucune puissance humaine ne me décidera à faire à mes parents l’affront de les éloigner d’ici, et la pire des insultes serait de leur annoncer la possibilité de leur alliance avec un chanteur. Vous y réfléchirez donc et vous choisirez. Ou M. Adriani ne sera plus ici demain à midi, ou c’est moi qui sortirai de votre maison pour n’y jamais rentrer.

Laure s’approcha de sa belle-mère, prit sa main et la baisa avec une froideur égale à la sienne, en lui disant :