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j’en fais le serment. Oublions-la pour le moment, et laissez-moi vous parler de moi, à propos de ce que vous venez de dire. Ce que je suis, je vois bien qu’elle ne le sait pas encore ; il est temps que vous le sachiez vous-même.

— Non, non ! répondit Laure, j’en sais assez. Vous êtes l’admirable Adriani dont la fierté et le désintéressement égalent le génie et l’inspiration. Si vous avez, en effet, de la fortune (on m’avait dit le contraire), laissez moi l’ignorer ou ne l’apprendre que par hasard. Ah ! mon ami, croyez-vous que, si mon cœur se refuse à l’amour qui vous est dû, l’obstacle soit en vous ? Non, certes. Quelle que soit votre condition dans la vie, je ne veux connaître de vous que vous-même.

— Eh bien, reprit Adriani, c’est de moi-même que je vous parlerai en vous disant que je dois la fortune à des hasards, et non à des travaux qui pourraient me distraire de vous.

Il raconta alors tout ce qui était contenu dans la lettre que nous avons rapportée, et qu’il n’avait pu faire tenir à Laure.

Ils causaient ensemble depuis deux heures, lorsque Toinette revint dire à la jeune femme que sa belle-mère désirait qu’elle voulût bien monter dans sa chambre un instant.

— Qu’y a-t-il, Toinette ? dit Laure en se levant. Est-on bien courroucé contre nous ?