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de la venger de ces froids sarcasmes. Quand la marquise eut repoussé la porte sur elle, il était debout, l’œil menaçant, la bouche contractée par le dédain, Laure lui prit le bras pour l’arracher à son anxiété.

— Eh bien, lui dit-elle en souriant, vous ne saviez pas ce qu’il fallait braver pour approcher de moi, ici ?

— Si, je le savais, répondit-il. Je suis venu quand même.

— Et vous resterez quand même.

— Non pas quand même, mais parce que. La vue de cette femme me fait bénir ma persévérance, et elle m’explique tout. Ce n’est pas d’avoir perdu Octave, c’est d’être restée sous le joug de sa mère, qui vous fait désespérer de toutes choses et de vous-même. C’est là le souffle de mort qui vous tuerait, et auquel mon influence et ma volonté doivent vous soustraire.

— Pardonnez-lui, Adriani. Elle obéit à une croyance, et, d’ailleurs, ce n’est pas le moment de la maudire : c’est à elle que vous devez d’être ici pour quelques jours. Si je n’avais pas eu la certitude qu’en apprenant qui vous êtes elle allait vous faire quelque affront, je ne me serais pas départie si aisément de la conduite que je m’étais tracée envers vous ; mais j’ai pris les devants, en lui rappelant que je suis ici chez moi et qu’elle n’en peut chasser personne.

— Qu’elle soit donc bénie, cette barre de fer qui vous enferme, mais qui pliera ou se rompra devant vous,