dans tout projet de mariage que Laure pourrait former.
— Vous avez été bien vite, en effet, ma chère Laure, dit-elle enfin d’un ton d’autant plus aigre qu’il était plus réservé. Le parti très-étrange que vous prenez de retenir monsieur, au risque de compromettre votre réputation, est le fâcheux résultat d’imprudences commises sans doute dans votre malheureux voyage. Il est trop tard assurément pour s’en affliger, et je n’ai pas l’habitude de me faire persécutante sans utilité. Puisque vous n’êtes plus parfaitement maîtresse de vos actions, et que vous avez cru devoir témoigner à un tendre adorateur des sentiments après l’aveu desquels il n’y a de possible que des transactions, je dois baisser la tête en silence, et prier pour que l’issue du roman soit heureuse pour vous, édifiante pour les autres.
Ayant ainsi parlé, et dit toutes, ces choses dures d’une voix très-douce, la dame se leva, salua Adriani, et quitta l’appartement avec l’affectation d’une personne qui se sent de trop.
Il était temps qu’elle se retirât, elle l’avait senti elle-même en voyant le feu de l’indignation monter au visage d’Adriani. Ce généreux esprit se révoltait tout entier contre la sécheresse du cœur, et cette dureté, presque insultante envers une femme aussi éprouvée que la pauvre Laure, lui paraissait un crime. Même en dehors de son amour pour elle, il eût éprouvé le besoin