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par la fille à la mère pour être accepté de confiance, mais madame la marquise daignant m’interroger…

La marquise ne broncha pas. Elle mettait la convenance fort au-dessus de la courtoisie, et la fausse convenance au-dessus de la vraie, qui eut exigé qu’elle acceptât, les yeux fermés, la caution de sa belle-fille. Elle attendit la suite, en femme qui ne transige pas.

Adriani, qui l’observait attentivement sans pouvoir surprendre l’ombre d’une incertitude ou d’un accommodement dans ses yeux clairs, poursuivit sans se troubler :

— Je me vois donc forcé de faire ma propre apologie, en dépit de toutes les règles de la modestie. Je la ferai très-courte. Je suis un homme irréprochable. J’ai quelque talent, quelque fortune. J’appartiens à une famille honorable. Je suis passionnément épris de madame Laure de Monteluz. J’ai osé le lui dire et mettre mon existence à ses pieds. Loin de m’encourager, elle m’a fui ; je l’ai suivie, parce que je persiste, et que je suis décidé à ne renoncer à mes espérances que chassé d’ici par elle-même.

Laure resta immobile et comme recueillie dans une méditation calme. Un pâle sourire éclairait sa figure.

La marquise était plus pétrifiée que jamais. Toinette retenait son souffle.

Pourtant la marquise n’était pas ennemie de cette sorte de solennité brusque, qu’elle attribuait à l’aplomb