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regarda comme des choses toutes simples, à la hauteur desquelles sa fierté, à défaut de sa sensibilité, l’eût placée, et elle se contenta de dire :

— C’est bien, je me rends I

La mort tragique de son fils n’entama point ce mâle courage. Elle avait sans doute des entrailles maternelles, et elle en ressentit le déchirement ; mais, la première consternation passée, on ne s’aperçut de sa douleur qu’à la disparition complète du rare et pâle sourire qui effleurait parfois jadis ses traits austères. Quelques fils argentés se mêlèrent à ses cheveux, jusque-là noirs comme l’ébène. On jugea qu’elle avait mortellement souffert sous son air résigné. C’est possible, c’est probable ; mais ce ne fut pas seulement la piété qui triompha de ses regrets, ce fut l’orgueil et même la vanité. Il n’est point de femme belle sans complaisance secrète pour elle-même. Faute de charmes, la belle Andrée n’avait jamais plu à personne. Elle le savait, elle l’avait senti. Elle savait aussi qu’elle ne pouvait briller ni par l’esprit, ni par instruction. Elle s’enveloppa dans sa fermeté de caractère, qu’en plus d’une occasion on avait remarquée, et que son mari vantait pour avoir quelque chose à vanter dans son intérieur. Elle s’y enferma si bien, que nulle matrone romaine n’y eût mis plus de pompe et de solennité.

Au moment où Adriani approchait du château, Laure