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Et, se croyant aux prises avec un aventurier qui levait le masque, il supputait des frais de séjour illimité à Vaucluse, dans une vaine attente de son retour, et des frais de route pour retourner seul à Paris.

Adriani prit son chapeau et se dirigea vers la porte, sans autre explication. Comtois pâlit. Son maître avait laissé presque tous ses effets à Mauzères. Pressé de partir, il n’avait emporté qu’une légère valise et un nécessaire de voyage fort simple. Il n’y avait pas là de quoi indemniser Comtois.

Adriani attendait qu’il lui adressât quelque impertinence, afin de savoir à quoi s’en tenir sur son caractère ; mais Comtois n’avait pas d’autre vice que la sottise. Esclave du devoir, il se sentait condamné à la confiance par celle que son maître lui avait témoignée en mille occasions. Adriani sourit en voyant cette anxiété refoulée par le respect humain.

— À propos, dit-il en revenant sur ses pas, comme frappé d’un souvenir : j’ai mis mon portefeuille dans ce tiroir. Prenez-le sur vous. Comtois ; bien que les gens de cette auberge aient l’air honnête, ce sera encore plus sûr.

Il lui donna la clef du tiroir et sortit.

Comtois ouvrit précipitamment le portefeuille et vit qu’il contenait une dizaine de mille francs en billets de banque. Le calme se fit dans son âme, l’appétit lui revint.