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— Mariotte, dit-il à la fille au front bas, qui examinait son louis en riant toute seule et très-haut, à quelle heure mademoiselle Muiron vous a-t-elle donc remis celle lettre pour moi ?

— Ma foi, monsieur, elle m’a réveillée au beau milieu de la nuit pour me dire que, sitôt levée, il faudrait vous la porter. Je ne sais pas quelle heure il faisait, mais le jour ne se montrait point du tout.

Adriani fut effrayé de cette circonstance. Ou Laure avait été grièvement malade dans la nuit, ou le billet avait été écrit d’avance pour retarder, pour éviter peut-être l’entrevue promise.

Il attendit deux mortelles heures dans l’enclos. Son inquiétude devint de l’épouvante. Il entendit enfin du bruit dans la maison. Il chercha une porte ouverte, et vit Mariotte sur celle de la cuisine. Elle riait encore toute seule.

— Qu’avez-vous à rire ? lui demanda-t-il ; ne craignez-vous pas de réveiller madame ?

— Ah bah ! fit la grosse fille ; je la croyais levée. Est-ce que vous ne l’avez pas encore vue ? Est-ce qu’elle n’est point descendue au jardin ?

— Non, j’en viens. Mais Toinette est debout, sans doute ?

— Je ne sais pas.

— Avec qui parliez-vous donc tout à l’heure