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femme dans le voisinage, vous la découvrez ; c’est une veuve inconsolable, vous la consolez. Ma foi, vous avez été plus habile ou plus hardi que moi. Je me suis cassé le nez à sa porte. Comment diable vous y êtes-vous pris ? On n’a jamais vu de nonne mieux claquemurée, de princesse ou de fée mieux défendue par les esprits invisibles. Ah ! je le devine, votre voix est le cor enchanté qui a terrassé les monstres du désespoir et fait tomber les barrières du souvenir. C’est affaire à vous, mon jeune maître. Je vous en fais d’autant plus mon compliment que c’est un joli parti : vingt et quelques années, pas d’enfants et une fortune de quinze ou vingt mille francs de rente en fonds de terre, ce qui suppose un capital de…

— Elle n’a que cela ? s’écria naïvement Adriani, qui, malgré lui, craignait d’aspirer à une femme assez riche pour s’entendre dire qu’il la recherchait par ambition.

Le baron se méprit sur cette exclamation et répondit en riant :

— Dame ! ce n’est pas le Potose, et je vois que vous avez donné dans les gasconnades de sa vieille suivante, une grande bavarde qui vient souvent ici faire la dame, et qui humiliée de résider dans le taudis du Temple, vante à tout venant les merveilles du château de Larnac, situé, dit-elle, dans le canton de Vaucluse. Le pays est