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dans les inspirations du cœur. Voilà le respect, voilà l’affection qu’on doit aux hommes, et, dans cette notion de leur confraternité avec nous-mêmes, ceux de l’avenir autant que ceux d’aujourd’hui comparaissent pour nous servir de juges, de conseils ou d’amis.

» Mais, dans le besoin de les voir sourire, de respirer leur encens, comme dans la crainte poignante de ne pas être compris d’emblée, il y a quelque chose de maladif qui ne tiendrait pas contre une pensée sérieuse, si le talent qui se produit était sérieux et prenait son siége dans la conscience.

» Laure, tu pourras m’aimer, je le sens, je le veux ! Jamais, quand je me suis prosterné en esprit devant Dieu, source du vrai et du bon, pour lui demander de me garder dans ses voies, il ne m’a laissé impuissant à produire des accents vrais, des idées élevées. En ce moment, je lui demande ses dons les plus sublimes, l’amour vrai partagé ; et je l’implore avec tant de feu et de naïveté, qu’il m’exaucera.

» Nous irons où tu voudras ; nous resterons ici, nous parcourrons des pays nouveaux, nous nous cacherons sous terre, nous dépenserons ma petite fortune en un jour, ou nous assurerons par elle l’équilibre à notre avenir. Tu n’as pas de volontés, je le sais. Je veux, j’attends que tu en aies. Je serai bien heureux le jour où je verrai poindre seulement une fantaisie, et je sens que, pour la