genre de réflexions. Je vous connais assez pour savoir que, si vous m’aimiez assez pour être à moi, vous m’eussiez accepté pauvre comme je vous accepterais riche, sans me préoccuper des soupçons d’un monde auquel ni ma vie ni ma conscience n’appartiennent.
» Si vous chérissez la solitude, nous chercherons la solitude ; nous la trouverons aisément à nous deux ; car, pour une femme, elle n’existe nulle part sans une protection. Vous n’aurez pas à craindre de m’arracher à une vie agitée et brillante. Je suis repu de mouvement, et mon soleil à moi est dans mon âme : c’est mon amour, c’est vous ! D’ailleurs, je n’ai jamais compris cet autre besoin factice que la plupart des artistes éprouvent de se trouver en contact avec la foule. Je ne suis pas de ceux-là. Je ne hais ni ne méprise ce qu’on appelle le public. Le public, c’est une petite députation de l’humanité, en somme, et j’aime, je respecte mes semblables. Mais c’est par mon âme, ce n’est point par mes yeux ni par mes oreilles que je suis en rapport avec eux. Si une bonne et belle pensée se produit en moi, je sais qu’elle leur profitera, et je ressens leur sympathie en dehors du temps et de l’espace. La répulsion ou l’engouement du public immédiat peut errer, mais la réflexion des masses redresse l’erreur. Il faut donc contempler le vrai dans l’homme face à face, être pour ainsi dire en tête-à-tête avec l’âme de l’humanité dans les conceptions de l’intelligence et