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— Ah ! voilà où vous vous trompez, monsieur ! Votre musique lui faisait tant de bien !

— Ma musique, ma musique ! Qu’elle prenne un chanteur à ses gages !

— Allons, dit la Muiron avec un sourire de triomphe, c’est un dépit d’amoureux ; je le savais bien !

— Eh bien, ce serait une raison de plus pour me sauver ! Et vous qui me retenez d’une manière si ridicule, pour ne rien dire de plus, quand vous savez fort bien qu’il n’y a de danger que pour moi, je vous trouve obsédante, folle, presque odieuse ! N’avez-vous pas dit que ce serait tant pis pour moi ? Eh bien, allez au diable, et je dirai tant pis pour vous !

Malgré sa douceur habituelle, d’Argères était irrité. La Muiron le désarma en fondant en larmes.

— Oui, je suis folle, dit-elle, mais je ne suis pas odieuse ! J’aime ma maîtresse, et je la vois perdue si elle reste ainsi.

— Arrachez-la à cette solitude, dit d’Argères radouci ; reconduisez-la chez ses parents.

— Oui, monsieur, je le ferai ; mais ce sera pire. Elle n’aura pas plus de consolation, et on la tourmentera par-dessus le marché.

— Faites-la voyager !

— Oui, si elle y consentait ; mais comment gouverner une personne qui vous supplie de la laisser tranquille,