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CONSUELO.

pas encore essayer de le prononcer ; mais si vous voulez me donner quelques leçons, j’espère m’y remettre dans peu de jours.



Sachez donc, ma chère… (Page 58.)

— Vraiment, c’est comme moi, repartit la chanoinesse en allemand. Je comprends tout ce que dit mademoiselle, et cependant je ne saurais parler sa langue. Puisqu’elle m’entend, je lui dirai que mon neveu vient de faire, en ne la saluant pas, une impolitesse qu’elle voudra bien pardonner lorsqu’elle saura que ce jeune homme a été ce soir fortement indisposé… et qu’après son évanouissement il était encore si faible, que sans doute il ne l’a point vue… N’est-il pas vrai, mon frère ? ajouta la bonne Wenceslawa, toute troublée des mensonges qu’elle venait de faire, et cherchant son excuse dans les yeux du comte Christian.

— Ma chère sœur, répondit le vieillard, vous êtes généreuse d’excuser mon fils. La signora voudra bien ne pas trop s’étonner de certaines choses que nous lui apprendrons demain à cœur ouvert, avec la confiance que doit nous inspirer la fille adoptive du Porpora, j’espère dire bientôt l’amie de notre famille. »

C’était l’heure où chacun se retirait, et la maison était soumise à des habitudes si régulières, que si les deux jeunes filles fussent restées plus longtemps à table, les serviteurs, comme de véritables machines, eussent emporté, je crois, leurs sièges et soufflé les bougies sans tenir compte de leur présence. D’ailleurs il tardait à Consuelo de se retirer ; et Amélie la conduisit à la chambre élégante et confortable qu’elle lui avait fait réserver tout à côté de la sienne propre.

« J’aurais bien envie de causer avec vous une heure ou deux, lui dit-elle aussitôt que la chanoinesse, qui avait fait gravement les honneurs de l’appartement, se fut retirée. Il me tarde de vous mettre au courant de tout ce qui se passe ici, avant que vous ayez à supporter nos bizarreries. Mais vous êtes si fatiguée que vous devez désirer avant tout de vous reposer.

— Qu’à cela ne tienne, signora, répondit Consuelo. J’ai les membres brisés, il est vrai ; mais j’ai la tête si échaudée, que je suis bien certaine de ne pas dormir de la nuit. Ainsi parlez-moi tant que vous voudrez ; mais à condition que ce sera en allemand, cela me servira de leçon ; car je vois que l’italien n’est pas familier au seigneur comte, et encore moins à madame la chanoinesse.