vera à Angèle son bon chanoine ; la Corilla se convertira, si l’impératrice s’en mêle ; et moi, je ne me suis pas mise à genoux devant une femme qui ne vaut pas mieux que moi. »
Qu’est-ce que tu chantes là ?… (Page 243.)
« Eh bien, s’écria d’une voix étouffée le Porpora, qui l’attendait dans la galerie en grelottant et en se tordant les mains d’inquiétude et d’espérance ; j’espère que nous l’emportons !
— Nous échouons au contraire, mon bon maître.
— Avec quel calme tu dis cela ! Que le diable t’emporte !
— Il ne faut pas dire cela ici, maître ! Le diable est fort mal vu à la cour. Quand nous aurons franchi la dernière porte du palais, je vous dirai tout.
— Eh bien, qu’est-ce ? reprit le Porpora avec impatience lorsqu’ils furent sur le rempart.
— Rappelez-vous, maître, répondit Consuelo, ce que nous avons dit du grand ministre Kaunitz en sortant de chez la margrave.
— Nous avons dit que c’était une vieille commère. Eh bien, il nous a desservis ?
— Sans aucun doute ; et je vous dis maintenant : Sa Majesté l’impératrice, reine de Hongrie, est aussi une commère. »
XCII.
Consuelo ne raconta au Porpora que ce qu’il devait savoir des motifs de Marie-Thérèse dans l’espèce de disgrâce où elle venait de faire tomber notre héroïne. Le reste eût affligé, inquiété et irrité peut-être le maestro contre Haydn sans remédier à rien. Consuelo ne voulut pas dire non plus à son jeune ami ce qu’elle taisait au Porpora. Elle méprisait avec raison quelques vagues accusations qu’elle savait bien avoir été forgées à l’impératrice par deux ou trois personnes ennemies, et qui n’avaient nullement circulé dans le public. L’ambassadeur Corner, à qui elle jugea utile de tout confier, la confirma dans cette opinion ; et, pour éviter que la méchanceté ne s’emparât de ces semences de calomnie, il arrangea sagement et généreusement les choses. Il décida le Porpora à demeurer dans son hôtel avec Consuelo, et Haydn entra au service de l’ambassade et fut admis à la table des secrétaires particuliers. De cette manière le