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LES MISSISSIPIENS.



Dieu m’abandone, je vois que personne ne m’aime. (Page 13.)

GEORGE, à part.

Ô Julie ! Julie !

(Ils fuient)
LUCETTE, rentrant tout essoufflée.

Mam’selle ! mam’selle !… vous pouvez venir, il n’y a personne, ils sont tous à la messe… Tiens… où est-elle donc passée ?…. Et ce monsieur ? Ah ! voilà une jolie affaire ! ils sont allés à la messe sans moi. Oh ! je les rattraperai bien.

(Elle se met à courir dans la direction contraire à celle qu’ont prise George et Louise.)
Un cortège rustique, la musique en tête, traverse le jardin et se dirige vers le château. Des jeunes filles vêtues de blanc et voilées, postulantes rosières, marchent en tête avec leurs mères. Des paysans portant des bouquets ferment la marche en criant :

Vive monsieur le comte ! vive madame la comtesse !


ACTE DEUXIÈME.


Un riche appartement à Paris, à l’hôtel Bourset. — Un salon donnant sur un jardin de plain pied.

Scène PREMIÈRE.


LA MARQUISE, JULIE, en grande toilette de bal toutes deux.
LA MARQUISE.

Ah ! ma fille, vous voilà mise comme un ange et belle à ravir.

JULIE.

Croyez-vous, maman ? Il fallait bien faire un peu de toilette. Le bal de notre vieux ami sera, dit-on, d’un grand luxe.

LA MARQUISE.

Ce pauvre duc, il fait des folies pour vous, ma chère ! Savez-vous que ce n’est pas bien de tourner la tête à un homme de cet âge-là ? Il peut en mourir.

JULIE.

Allons donc, maman, vous raillez ; vous savez bien que ce n’est pas de moi qu’il est amoureux.