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Évenor, on me parlait de ceux qui ont eu la terre avant nous. Voilà tout ce qui, dans l’absence d’une parole sublime comme celle de notre mère Téleïa, ébranlait mon esprit et l’agitait dans le sommeil. Je me souviens que je me représentais ces premiers maîtres de notre séjour, tantôt comme des monstres, tantôt comme des anges. J’appelais monstres des êtres énormes, superbes, menaçants, que je m’efforçais de fuir, et que je n’osais pas bien regarder. J’appelais anges des êtres plus subtils, plus doux, dont l’éblouissante beauté était comme inappréciable à