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Je ne sais quelle fibre humaine s’était développée en moi ; je me jetais aux pieds de mon époux, le suppliant de vivre et de laisser vivre nos enfants. Oublie le ciel, lui disais-je. Où puises-tu cette foi robuste ? Et si elle était une illusion ! Laisse du moins nos enfants l’ignorer. Ne vois-tu pas qu’ils sont trop jeunes pour la comprendre, et qu’entre l’attente sereine de cette vie future et la soif insensée de s’en emparer, il y a une sagesse que l’âge mûr peut seul acquérir ? Toi-même, ô mon cher Aria, tu n’as plus la patience d’attendre, je le vois bien. Tu me reproches de ne plus t’aimer,