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La mère de Meng-tseu s’occupait habituellement à filer et à tisser. Quand Meng-tseu fut devenu grand, il sortait et allait recevoir des leçons au dehors. Mais, tout à coup, il se dégoûta de l’étude et revint à la maison. La mère de Meng-tseu prit un couteau et coupa elle-même la trame de l’étoffe qu’elle tissait (il y a en chinois son métier (khi-ki), et en mandchou khomso, la navette). Meng-tseu, effrayé, se jeta à genoux et lui en demanda la cause. Sa mère lui dit : L’instruction que tu reçois peut être comparée à l’étoffe que je tisse. En ajoutant des fils de soie, j’en fais un pouce ; en ajoutant des pouces, j’en fais un pied. En ajoutant sans m’arrêter des pouces et des pieds, j’en fais un tchang (dix pieds). Maintenant tu étudiais pour devenir un sage et un saint, mais, par lassitude et dégoût, tu as voulu t’en revenir : c’est comme moi qui ai coupé les fils de la trame avant d’avoir achevé mon tissage.

Meng-tseu fut touché de ces paroles et reconnut ses torts. Il alla trouver Tseu-sse et reçut ses leçons. Il continua et mit en lumière l’enseignement du saint homme (de Confucius), et se rendit célèbre parmi les princes feudataires. Tels furent les heureux effets de l’éducation que Meng-tseu reçut de sa mère.


37—42
Teou-yen-chan, Yeou-i-fang
Teou-yen-chan possédait les règles du devoir.
竇燕山,有義方

Littéralement : Les règles de la justice [en mandchou dchourgan ; mais le mot i (vulgo justice) signifie aussi ce qui est conforme à la raison, ce qu’il convient de faire. On verra plus bas (314-315) l’expression chi-i, les dix devoirs. — Glose C : la manière, l’art de pratiquer la justice, c’est-à-dire le devoir ou les devoirs (hing-i-tchi-fang).

L’éducation que donne le père étant basée sur la vérité, on ne doit pas négliger de les instruire et de les élever suivant les bons principes. Parmi les pères des temps modernes qui se sont rendus célèbres par l’éducation sévère qu’ils ont donnée à leurs fils, Teou-chi occupe le premier rang. Teou-yu-kiun était originaire de Yeou-tcheou ; comme ce pays dépendait anciennement de la principauté de Yen, on le surnomma Yen-chan. Lorsqu’il instruisait ses fils, les rites domestiques étaient plus sévèrement observés qu’à la cour ; les