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943—954
Tsaï-wen-ki, Neng-pien-khin. — Sie-tao-yun, Neng-yong-in
Tsaï-wen-ki put distinguer les sons du khin ; Sie-tao-yun put composer des vers.
蔡文姬,能辨琴。謝道韞,能詠吟

Dans l’antiquité, les hommes n’eurent pas seuls l’amour de l’étude ; on vit même des femmes qui l’emportèrent sur les hommes, par leur intelligence, leur talent et leur prudence. La fille de Tsaï-pe-kiaï avait pour petit nom Yen et pour surnom Wen-ki. Un jour que son père jouait du khin[1], il arriva qu’un chat prit une souris. Tsaï-wen-ki comprit que l’air joué sur le khin exciterait le chat à tuer sa proie.

Lorsque Tong-tcho s’était emparé du pouvoir, Tsaï-yun, affligé des malheurs du temps, se mit à toucher le khin. Wen-ki vit avec douleur, dans les sons lugubres du khin de son père, le présage de sa mort prochaine. En effet, par suite de l’assassinat de Tong-tcho, son père fut condamné à mort, et Wen-ki fut exilée dans le pays des Mongols. Wen-ki, pour imiter les sons du khin, composa une chanson en dix-huit couplets, qu’elle exécutait sur une flûte mongole. Cette chanson, où elle peignait ses plaintes secrètes et ses poignantes douleurs, se répandit dans le Royaume du Milieu. Tsao-meng-te ayant appris son malheur, la racheta au prix de mille onces d’argent, et la fit rentrer dans son pays. Ensuite il la maria à un lettré nommé Tong-ki.

Sie-tao-yun fils du frère aîné de Sie-’an, ministre du roi de Tsin, put, dans son enfance, composer des vers. Comme il neigeait dans la cour, Sie-’an adressa cette question à ses enfants et à ses neveux : À quoi ressemble la neige qui tombe à gros flocons ?

Yen, sa nièce, répondit : À du sel qu’on répandrait dans l’air.

Tao-yun dit : Elle ressemble plutôt à des fleurs de saule que ferait voltiger le vent.

Sie-’an admira beaucoup sa nièce. Dans la suite, elle épousa

  1. Sorte de guitare.