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apperçoive que des Sauts : parce que bien des choses paraissent aux yeux entièrement dissemblables & désunies, qu’on trouveroit néanmoins parfaitement semblables & unies dans leur intérieur, si on pouvoit parvenir à les connoitre distinctement. A ne considérer que la configuration externe des Paraboles, des Ellipses & des Hyperboles, on seroit tenté de croire qu’il y a une interruption immense d’une espèce de ces courbes à l’autre. Cependant nous savons qu’elles sont liées intimement, de manière qu’il est impossible de ranger entre deux quelque autre espèce intermédiaire, qui nous fasse passer de l’une à l’autre par des nuances plus imperceptibles. Je pense donc avoir de bonnes raisons pour croire, que toutes les différentes classes des Etres, dont l’assemblage forme l’Univers, ne sont dans les idées de Dieu, qui connoit distinctement leurs gradations essentielles, que comme autant d’Ordonnées d’une même Courbe, dont l’union ne souffre pas qu’on en place d’autres entre deux, à cause que cela marqueroit du désordre & de l’imperfection. Les hommes tiennent donc aux animaux, ceux-ci aux plantes & celles-ci déréchef aux fossiles, qui se lieront à leur tour aux corps, que les sens & l’imagination nous représentent comme parfaitement morts & informes. Or puisque la loi de la Continuïté exige, que, quand les déterminations essentielles d’un Etre se rapprochent de celles d’un autre, qu’aussi en conséquence toutes les propriétés du prémier doivent s’approcher graduellement du dernier, il est nécessaire, que tous les ordres des Etres naturels ne forment qu’une chaîne, dans laquelle les différentes classes, comme autant d’anneaux, tiennent si étroitement les unes aux autres, qu’il est impossible aux sens & à l’imagina-