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CONTES


Quand elle eut disparu, Hyalis eut l’impression que le jour perdait subitement tout son éclat, et il demeura longtemps à la même place, le cœur étouffé jusqu’à la tristesse sous une sensation trop douce.

Le lendemain et les jours suivants, il revint vers le jardin de Xylaos, et, caché dans un buisson voisin, il épia la présence de Nyza.

Presque chaque jour il parvint à la voir ; tantôt assise près d’une corbeille pleine de laines de Milet aux éclatantes couleurs, elle brodait de riches tissus ; tantôt elle pétrissait les gâteaux sacrés qu’elle parfumait du suc rouge des baies de myrte ; tantôt elle étendait sur l’herbe fine les linges éblouissants lavés à la rivière par les servantes. D’autres jours, ― et ce spectacle surtout ravissait Hyalis, ― penchée vers la petite Callidice, la fille d’Agathoclès, le riche fermier voisin, elle lui enseignait les hymnes et les danses sacrées. Tenant l’enfant par les mains, elle lui faisait lever et abaisser les bras en cadence, et décomposait