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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

doigts sur son bras. Alors, quittant les marécages impurs et les tièdes bas-fonds, il gagnait la montagne et s’avançait jusqu’à la pointe extrême du promontoire, qui dominait au loin les flots.

Là, s’étendant dans l’herbe froide de rosée, il renversait la tête…

La nuit était auguste sur les hauteurs. Tout autour de lui la voûte sombre du firmament s’arrondissait ; en bas, sur la plage sablonneuse, la mer amenait et ramenait ses vagues avec un murmure puissant et monotone ; au-dessus de sa tête, les étoiles innombrables scintillaient, suspendues et comme prêtes à tomber dans ses yeux. L’âme de la terre maternelle et des cieux divins se confondait en lui ; une extase magnanime gonflait son sein, et il vivait ainsi des heures inexprimables, silencieux, immobile et enivré !