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CONTES

conformité des êtres à leur destinée. Souvent je pense à toi ; l’âme qui regarde par tes yeux n’est point celle d’un faune, et je crains qu’il ne t’en arrive malheur.

― Et vous, Glaucos, êtes-vous heureux ? demandait Hyalis.

― Je le suis.

― Pourtant étiez-vous né pour être le porcher du grossier Lycophron ?

― Ô Hyalis, tu ne peux comprendre encore. Certes, je fus autrefois riche et puissant, mais, avant tout, j’étais né pour être libre dans ma pensée et dans mon cœur, et jamais je ne le fus davantage que dans cette humble condition, où, de l’aube au couchant, je m’appartiens tout entier. »

Glaucos excellait aussi à raconter l’histoire des dieux et des héros, et le petit faune ne se lassait point de l’entendre. Sans cesse il lui redemandait les mêmes récits.

Le vieillard disait la naissance d’Apollon dans Délos la pierreuse ; les larcins plaisants