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CONTES

le sang qu’il tenait de son père était seul satisfait, et il traînait à travers ces rapides plaisirs une âme inquiète et mal rassasiée.

Pourtant les nymphes lui étaient accueillantes, et plus d’une, le soir, rôdait vers lui. Mylitta était celle qu’il recherchait de préférence. Il aimait son rire clair comme le bruit des fontaines et sa grâce légère de jeune faon. Souvent il lui apportait des coquillages, des plumes d’oiseaux rares, des fleurs cueillies tout en haut des montagnes, des rayons de miel doré, et, dans l’herbe odorante et chaude des après-midi, il goûtait avidement le plaisir de son corps. Mais Mylitta différait trop peu de ses sœurs. Rieuse et brûlante, elle s’abandonnait à tous. Hyalis voulut le lui reprocher, mais il sentit aussitôt qu’elle ne le comprenait point, et il cessa de se plaire avec elle.

En même temps un secret dégoût lui venait de ses jouissances ; leur monotonie pesait à son cœur, et, vaguement anxieux, il implorait une caresse inconnue. Alors, parfois, il