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CONTES

comme un jeune étalon, il entrait, en frémissant, dans les vagues !

Un soir qu’il s’était ainsi attardé sur la grève, il vit des sirènes. C’était par une nuit de plein été tiède et crépusculaire. Du large un chant s’éleva, étrange, irrésistible et triste. L’air devint étouffant et lourd comme si, dans l’ombre, il pleuvait des roses ; les vagues s’allongèrent silencieuses sur le sable ; un grand frisson passa, et toute la mer sembla mourir !…

Les sirènes s’approchaient ; elles s’avancèrent jusqu’à la côte, et Hyalis vit de tout près leurs visages. Surnaturellement belles et pâles, elles souriaient, la face renversée dans leurs cheveux. La douceur de les voir passait tout ce qu’il avait ressenti au monde !… Lentement, avec la nuit, elles se retirèrent ; leur chant s’affaiblit, flotta longtemps encore dans la brise, s’éteignit… Et Hyalis ne devait plus jamais les oublier.