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CONTES

à lui peser. À tout elle préférait sa solitude ; et, comme il arrive aux êtres dont la vie résorbée avive l’imagination, elle voyait dans ces mots, tout au fond d’elle-même, une sorte de jardin caché, un jardin planté, sous un ciel dépoli d’automne, de verdures sombres et très odorantes ― lierre et buis ― où elle se promenait de longues heures avec sa pensée.

Cinq ans s’étaient écoulés, quand, brusquement, en moins de dix jours, Lydie fut emportée par une pneumonie aiguë, et Maurice resta veuf avec un petit garçon de quatre ans. La douleur du pauvre garçon fut immense ; il aimait sa femme avec toute la force d’une jeunesse de laborieux économisée pendant la dure période des débuts. Dans cette catastrophe, guidé par l’égoïste et infaillible instinct, il vint se réfugier là où il sentait qu’il pourrait le mieux être consolé. Il ne se trompait pas. Divine, faisant taire les obscures révoltes qui s’agitaient encore en elle, assuma ce nouveau rôle ; elle étendit la