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ŒUVRES DE ALBERT SAMAIN

se cacher une petite âme exquise et sauvage. Des traits particuliers distinguaient en effet Divine Bontemps, et entre tous celui-ci qui s’accusait déjà avec un étonnant relief.

Douée d’une énergie de tendresse presque excessive, d’une bonté qui se donnait sans réserve aux êtres et aux choses et jaillissait en chaudes effusions dans les profondeurs de son âme, elle reculait devant la manifestation des sentiments même les plus avouables comme devant un péché. Rien ne lui était plus pénible que de sentir les autres deviner son cœur. Un nuage rose empourprait alors subitement ses joues, ses yeux se baissaient invinciblement et cette sensation, si l’on insistait maladroitement, pouvait aller jusqu’à la souffrance.

C’était ainsi, en tout et avant tout, une nature exaltée et secrète. Seule, il lui arrivait fréquemment de serrer frénétiquement contre sa poitrine le jouet préféré du moment ; ou bien, elle s’adressait avec des gestes passionnés