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CONTES

épuisants pour arriver à la Beauté. Quand il rappelait des passages trop tristes, parfois les sanglots l’arrêtaient ; alors, il attirait à lui la petite danseuse, appuyait la tête sur ses seins nus, en murmurant d’une voix d’enfant des choses bizarres : « Chère petite sœur de lumière, petite argile divine, chair infinie, petit sphinx puéril… »

Ces choses la déconcertaient, mais, à l’accent de tendresse de la voix qui les prononçait, elle ne se méprenait point, et sentait que c’étaient là des compliments qui, différents de ceux du marquis, avaient sans doute une portée plus profonde.

Les heures fuyaient, parées de bandelettes d’or…

La lune, glissant entre les rideaux, touchait toutes choses de son doigt d’argent ; la musique se faisait aérienne, éthérée, les notes avaient des scintillements d’étoiles lointaines, et il fallait que la pendule à colonnettes sonnât lentement de sa voix chevrotante de